Victor Hugo, toi qui en 1852, écrivis à Jersey le pamphlet célèbre : « Napoléon le petit », réveille-toi ! Car depuis des lustres, jamais notre
pays ne fut gouverné comme il l'est aujourd'hui.
court vers le précipice et sombre dans la fatuité, les paillettes, le mépris et l'indécence.
Derrière les strass, où donc se cache aujourd'hui le candidat du pouvoir d'achat ?
Derrière le slogan démagogique et attrape-tout du « travailler plus pour gagner plus » que constate-t- on concrètement ?
Les seules augmentations avérées concernent vos propres émoluments (+ 172%) et le pouvoir d'achat des plus riches qui se partagent 15 milliards d'euros (soit 98 milliards de francs ou encore 9 800 milliards de centimes de francs) d'exonérations fiscales ou d'avantages divers.
En avril 1825, Louis XVIII fit voter le « milliard des émigrés » pour dédommager ceux qui avaient fui à l'étranger la révolution, la république et l'empire. Vous, Nicolas Sarkozy, avez fait voter un cadeau fiscal insensé aux plus nantis à l'heure où François Fillon, qui se croyait encore premier ministre, annonçait à la France qu'elle était en faillite. Vos amis Johnny Hallyday et consort sont-ils pour autant rentrés en France payer leurs impôts ainsi diminués ? Non ! Ils ont préféré rester en Suisse à observer de loin la France en faillite !
Pendant ce temps là, les retraités, qui ont majoritairement voté pour vous, voient leurs pensions ridiculement augmentées d'à peine plus de 1% et depuis le 1^er janvier les frais médicaux et les médicaments ne sont plus remboursés intégralement aux malades. En 2009, après les élections municipales et cantonales, l'exonération de la redevance télévision pour les plus de 65 ans sera supprimée et une nouvelle TVA sociale sera votée. Votre ministre des Finances vient d'annoncer que l'inflation sera plus forte en 2008 qu'en 2007 et je n'oublie pas l'augmentation des produits alimentaires, du fioul, de l'électricité, de l'essence, du gaz et des loyers.
Mais non content de mettre le couteau sous la gorge du peuple de France, vous jetez aux orties la politique étrangère menée par la France au Proche et Moyen Orient. A propos de l'Irak, vos déclarations vont à l'encontre de la politique éclairée voulue par Jacques Chirac. Pourriez-vous, Monsieur le Premier Ministre-Président, relire le discours de Dominique de Villepin à l'ONU qui fut tant applaudi par l'immense majorité des états et qui valut à la France tant de considération ?
Certainement pas ! ... Pire, vous engagez l'armée française en Afghanistan sans avoir saisi le Parlement. Vous devenez le supplétif de la politique désastreuse d'un Georges Bush finissant. Est-ce adroit ou seulement même efficace ?... A ce rythme là, je crains d'entendre bientôt de votre part un discours sur le bien et le mal.
Car avec vous, la France est redevenue la fille aînée de l'église. Les Présidents Pompidou et Mitterrand ne sombrèrent pas dans le ridicule d'un autre âge d'aller quérir au Vatican le titre de chanoine honoraire de Saint Jean de Latran. Vous bafouez et jetez aux orties nos valeurs laïques, garantes de l'intégration, de la tolérance et de l'éducation pour tous.
Non, Monsieur le chanoine honoraire, il n'y a pas en France que des chrétiens, il y a aussi des juifs, des musulmans, des athés, des agnostiques... en un mot, il y a des Français fiers de leur pays et de l'universalisme de ses valeurs laïques.
Ne craignant pas la contradiction avec cette « posture » chrétienne, vous affichez un culte du veau d'or et une admiration pour le fric insolent qui font sonner encore plus faux tout votre discours de campagne d'Agen où vous dénonciez avec force les patrons voyous. Mais comme cela doit vous paraître loin vu d'un jet privé, d'un palace ou d'un yacht complaisamment offerts et au luxe tapageur que vous dorez.
Quelle tristesse pour notre démocratie de voir vos amis financiers, patrons des médias, obliger leurs journalistes à encenser la rupture avec la mesure et la dignité. Vos divorces, vos remariages, l'étalage de votre vie privée, vos éclats de voix (telle votre indécente altercation avec le pécheur breton) desservent la noblesse de la fonction présidentielle et nos partenaires européens se gaussent de votre suffisance et de votre soif de paraître.
Inspirez-vous d'Angela Merkel qui sans lunettes noires, ni montre de luxe travaille discrètement et efficacement pour son pays, ce dont les
Allemands lui savent gré. Monsieur Nicolas Sarkozy, la France ne se réduit pas à votre personne, et dans notre pays qui a la culture de la révolte, rares sont les hommes politiques qui trompèrent longtemps le peuple de France .
A l'heure des vœux, permettez-moi d'en émettre un :
Il faut se décider à grandir Monsieur le Président.
Jean GUERARD
Vice-Président du Conseil Régional d'Aquitaine
Membre du Bureau National du Parti Socialiste