Featured

VOEU IDFR SUR LES ECOLES PRIMAIRES SOUS CONTRAT D’ETAT

-INTERVENTION DE YANNICK TRIGANCE-
- VOEU IDFR SUR LES ECOLES PRIMAIRES SOUS CONTRAT D’ETAT

Madame la Présidente, cher.es collègues
 
2015-2024 : 9 ans
 
Il aura fallu attendre 9 ans pour que la droite régionale mandate « la présidente de la région Ile-de-France » pour saisir la ministre de l’Education nationale.
Mais au fait, la saisir pour quoi ?

Pour demander le rétablissement des 10 000 postes d’enseignants supprimés par Emmanuel Macron et ses 6 ministres de l’éducation successifs depuis 2017 ? Que nenni ! Il faut dire que lorsque Mme Pécresse était ministre, ce ne sont pas moins de 80 000 postes qui furent supprimés.

Mais alors, cher.es collègues de droite, mandater la présidente pour demander la suppression du « choc des savoirs » et ses groupes de niveaux qui stigmatisent les élèves les plus en difficultés comme le montrent toutes les études et qui dans 9/10 collèges ont entraîné la suppression de l’accompagnement personnalisé et du dédoublement ? Que nenni !

S’agirait-il de mandater la présidente pour demander le rétablissement de la formation des enseignants aujourd’hui supprimée et que vous aviez vous-même supprimé sous Nicolas Sarkozy. Que nenni !

Demanderiez-vous à la Présidente d’exiger avec ce vœu de la ministre de l’EN qu’elle engage une véritable politique de mixité sociale en exigeant des établissements privés sous contrat qu’ils respectent enfin la loi de 2013 grâce à laquelle ils perçoivent 10 milliards/an d’argent public (et pour Stanilas 1,2 milliards gracieusement donnés par la Région) sans respecter aucune obligation dont celle de la mixité, donc en continuant à trier lesélèves selon leur milieu social comme l’indiquent les IPS ?Que nenni !

Mais peut-être alors mandatez-vous la présidente pour qu’elle exige de la ministre une véritable revalorisation des enseignants et des conditions de travail propices à la réussite de tous nos élèves, des enseignants qui, contrairement aux récents propos mensongers de votre ami Nicolas Sarkozy, restent les moins bien payés des pays de l’OCDE, les moins formés avec les effectifs de classes les plus chargés et qui font le plus d’heures dans le 1er degré ? Que nenni !

Et puisque vous semblez découvrir l’éducation prioritaire, peut-être mandatez-vous la présidente pour demander à la ministre de l’EN de rétablir dans ces quartiers prioritaires la scolarisation des enfants de moins de trois ans en maternelle tellement efficace dans la lutte contre les inégalités, scolarisation que vous avez éradiquée lorsque vous étiez au gouvernement sous Nicolas Sarkosy.

Rien de tout cela, rien. Mais alors, que demandez-vous avec ce vœu ?

Finalement c’est assez simple : vous demandez la poursuite et l’amplification du démantèlement de l’école de la République que vous abimez au quotidien, vous demandez la poursuite et l’aggravation d’une école de la compétition, de l’entre soi et du séparatisme scolaire puissance 10.

Ce transfert de compétences vers les régions est aussi une remise en cause insidieuse de l’universalité de l’école publique. L’école républicaine, c’est l’idée que chaque enfant, partout sur le territoire de la République, doit avoir accès au même enseignement de qualité.

Cher.es collègues,

Votre vœu, sur les mêmes bases que l’extrême –droite et que la macronie agissante, demande le sacrifice de l’école publique sur l’autel de votre ultra-libéralisme qui fracture la société et s’en prend aux plus modestes.

Alors que vous pleurez depuis ce matin sur les manques de recettes, vous demandez ni plus ni moins que la privatisation de l’école publique, fidèle à votre obsession anti-service public.

Ce vœu n’est pas une solution à la crise éducative, c’est un amplificateur de fractures sociales et territoriales. C’est un recul , un abandon des

valeurs qui fondent notre République. C’est ouvrir l’éducation nationale à la concurrence du marché dès le primaire, donc dès le début de la vie des élèves.

Alors bien évidemment nous voterons contre votre vœu car notre groupe SER. continue pour sa part à œuvrer pour une école publique de l’émancipation, de la coopération et de l’altérité, une école de la République qui garantit le droit à la réussite et à l’excellence pour tous, une école de la République qui accueille tous les enfants quel que soit le milieu où ils vivent et l’endroit d’où ils viennent, une école de la République qui protège, qui ne laisse personne au bord du chemin, qui respecte et qui reconnait ses enseignants comme la pierre angulaire de notre pacte républicain.

Au final, votre vœu est à la fois une insulte et une provocation de plus à l’endroit de la communauté éducative qui demande d’abord et avant tout un « choc des moyens » pour rétablir une école du premier degré digne de ce nom et non un « choc de décentralisation » que vous portez comme une véritable obsession et une comme une idéologie dangereuse.
Cher.es collègues de droite, occupez-vous des lycées que vous avez abandonnés plutôt que de vouloir privatiser les écoles maternelles et élémentaires publiques au moyen d’expérimentations locales aux antipodes des fondements et des valeurs de l’École de la République.